Des milliers de tonnes de pesticides interdits en Europe sont exportés chaque année de l'Union européenne (UE) vers les pays pauvres.C'est ce que révèle une étude récente de Greenpeace qui a analysé les notifications d'exportation déposées par les Etats membres auprès de l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA). Pour la seule année de 2018, plus de 81 000 tonnes de pestices contenant des substances actives interdites dans les champs européens ont ainsi quitté l'Europe pour l'Afrique du Sud, l'Ukraine, le Brésil et d'autres pays tiers aux normes moins strictes. Avec plus de 32 000 tonnes exportées cette année là, le Royaume-Uni était de loin le premier acteur en volume. L'Italie, les Pays-Bas, l'Allemagne, la France, l'Espagne et la Belgique étaient également de grands exportateurs de pesticides.
L'ONG environnementale dénonce l'hypocrisie de la législation européenne qui interdit sur son sol l'utilisation en agriculture de produits dangereux tels que les cancérogènes, les substances toxiques pour la reproduction ou les substances nocives pour l'environnement mais... autorise leur fabrication en Europe comme pesticides destinés à l'exportation. Ce double standard serait la cause de catastrophes sanitaires et environnementales dans les pays importateurs. En effet, les travailleurs agricoles dans les pays pauvres utilisent souvent ces produits extrêmement dangereux sans protections adéquates et sans connaître les dangers qu'ils représentent pour leur santé et l'environnement.
Selon les règles européennes, toute entreprise qui souhaite exporter des produits chimiques interdits doit produire une "notification d'exportation" détaillant les raisons pour lesquelles le produit est interdit, les utilisations prévues et la quantité que l'entreprise a l'intention d'expédier. Les autorités réglementaires nationales et européennes vérifient ces documents et les transmettent aux autorités des pays de destination. Ces règles sont la traduction en droit européen de la Convention de Rotterdam des Nations Unies. L'objectif de cette convention est de donner aux pays pauvres, qui n'ont pas les ressources nécessaires pour faire leurs propres recherches, la possibilité de prendre une décision éclairée sur l'acceptation ou non de ces exportations.
Références:
- lien vers l'étude de Greepeace: https://unearthed.greenpeace.org/2020/09/10/banned-pesticides-eu-export-poor-countries/
- lien vers la Convention de Rotterdam: http://www.pic.int/