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Le 7 juin 2023, la Commission européenne a dévoilé sa stratégie pour faire face à l'augmentation des problèmes de santé mentale dans l'UE - y compris ceux causés par le travail.

Annoncée pour la première fois lors du discours sur l'état de l'Union prononcé par la présidente von der Leyen en septembre 2022, cette initiative fait suite à l'identification de la santé mentale comme l'une des principales préoccupations des citoyens européens lors de la conférence sur l'avenir de l'Europe. Elle décrit 20 initiatives phares financées par 1,23 milliard d'euros sur le budget pluriannuel actuel, visant à aider les États membres de l'UE à "donner la priorité aux personnes et à leur santé mentale".

Les actions de l'UE en matière de santé mentale s'articuleront autour de trois principes directeurs : une prévention adéquate et efficace, l'accès à des soins de santé mentale et à des traitements de qualité et abordables, et la réinsertion dans la société après la guérison. Il s'agit d'une approche globale qui reconnaît les multiples facteurs de risque d'une mauvaise santé mentale. La garantie d'une bonne santé mentale au travail figure parmi les domaines d'action, par le biais de campagnes de sensibilisation à l'échelle de l'UE et d'une éventuelle initiative européenne future sur les risques psychosociaux au travail.

Près de la moitié des travailleurs européens considèrent que le stress est courant sur leur lieu de travail et qu'il est à l'origine d'environ la moitié des journées de travail perdues. Il est temps que nous prenions le problème à bras-le-corps, dans l'intérêt de nos travailleurs et de notre économie", a déclaré le Commissaire européen chargé de l'emploi et des droits sociaux.

L'initiative a été accueillie avec scepticisme par Eurocadres, qui a mené la campagne EndStress avec la Confédération européenne des syndicats (CES). La sensibilisation n'a pas donné de résultats jusqu'à présent, et rien ne prouve que nous allons dans la bonne direction. Bien que la Commission ait fait référence à une "éventuelle future initiative de l'UE sur les risques psychosociaux au travail", pour de nombreux travailleurs, il sera trop tard", a déclaré Nayla Glaise, présidente d'Eurocadres.

L'exposition aux facteurs psychosociaux au travail peut être modifiée par des politiques préventives portant sur l'organisation du travail et les conditions de travail et d'emploi. La CES demande depuis des années une directive européenne dans le domaine des risques psychosociaux sur le lieu de travail, car la mise en œuvre de l'accord-cadre autonome de 2004 sur le stress lié au travail dans les États membres reste inégale et l'étendue de la protection des travailleurs inadéquate. Plus récemment, le Comité économique et social européen (CESE) a également appelé la Commission à adopter une législation contraignante pour prévenir les risques psychosociaux au travail dans son avis intitulé "Travail précaire et santé mentale". Cet avis s'inscrit dans le droit fil d'un récent rapport publié par l'Institut syndical européen, qui souligne que les facteurs psychosociaux liés au travail contribuent au gradient social de santé, les femmes, les jeunes adultes et les travailleurs ayant un faible niveau d'éducation étant particulièrement exposés. Enfin, deux rapports du Parlement européen publiés en 2022 appellent explicitement la Commission européenne à proposer une directive sur la prévention des risques psychosociaux.

De gauche à droite, le Parlement européen et la Commission européenne.