Le vendredi 24 juin 2022, les syndicats du personnel de cabine de Ryanair en Belgique, au Portugal et en Espagne ont annoncé une grève de trois jours portant sur les salaires et les conditions de travail. Les équipages de France et d'Italie devaient débrayer ce week-end, tandis que le personnel d'Espagne devait faire grève le 30 juin et les 1er et 2 juillet.
Les syndicats dénoncent le non-respect par Ryanair de la législation du travail national, notamment en ce qui concerne le salaire minimum, et exhortent la compagnie à améliorer les conditions de travail. En Belgique, les syndicats ACV et BBTK ont déclaré que Ryanair ne respectait pas le droit du travail belge pour certains travaux avant et après le vol. En effet, les contrats des travailleurs ne sont pas basés sur le système juridique de leur pays de résidence mais uniquement sur celui de l'Irlande - ce qui permet à la compagnie irlandaise d'être hermétique aux demandes de ses employés. En outre, les travailleurs n'ont pas toujours accès aux prestations publiques de leur propre pays, car ils sont soumis au droit de la fonction publique irlandaise.
Le directeur général de Ryanair, Michael O'Leary, avait déclaré mardi 28 que les accusations du syndicat étaient "de pures foutaises". En Espagne, le gouvernement a ordonné à la compagnie d'assurer 73 à 82% des vols intérieurs pendant la période de grève pour maintenir un service minimum, obligeant la plupart d'entre eux à se rendre au travail. Ernesto Iglesias, du syndicat espagnol USO, a critiqué la mesure imposée à la compagnie, affirmant que "la décision du gouvernement a limité le droit de grève des travailleurs". Sur l'une des pancartes brandies par un manifestant aux aéroports de Valence, on peut lire : "Le gouvernement espagnol est complice de Ryanair".
Selon le président du syndicat à l'origine du débrayage portugais, Ricardo Penarroias (SNPVAC), "un membre d'équipage n'est même pas autorisé à emporter une bouteille d'eau sur un vol". En 2021, les autorités espagnoles ont averti Ryanair qu'elle enfreignait les règles du travail en obligeant les membres de son personnel de cabine à acheter des bouteilles d'eau. D'autres rapports montrent que les employés de Ryanair ne peuvent pas se déclarer en grève et doivent utiliser un de leurs jours de congé pour éviter les représailles de la direction. Les travailleurs décrivent une "culture de la peur", le personnel étant contraint de travailler dans une position totalement vulnérable. Les employés de Ryanair tentent d'attirer l'attention sur leur situation depuis des années, avec des revendications presque identiques dès 2018. La compagnie a connu une dégradation constante des conditions de travail et d'emploi, ce qui a conduit à une succession de grèves à travers différents pays européens au cours des dernières années.
Le mouvement de grève de Ryanair intervient avant un mouvement similaire des travailleurs de British Airways à Londres Heathrow, et s'ajoute aux perturbations du transport aérien à travers l'Europe, alors que les compagnies aériennes luttent pour monter en puissance après les blocages dus à la pandémie. Alors que la demande de voyages reprend, les compagnies aériennes sont confrontées à un manque de personnel pour gérer le flux de passagers. Les travailleurs de plusieurs autres compagnies aériennes, dont Brussels Airlines, prévoient également des grèves cet été. Le syndicat français CGT a organisé une grève d'une journée le vendredi 24 juin afin d'obtenir une augmentation des salaires des travailleurs des raffineries de pétrole après l'échec des négociations avec l'opérateur TotalEnergies. Avec un taux d'inflation supérieur à 8 % dans la zone euro, les demandes de hausse des salaires dans tous les secteurs inquiètent les autorités, car elles pourraient déclencher une spirale salaires-prix qui renforcerait les pressions inflationnistes. La directrice de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a prévenu que plus l'inflation reste élevée, plus elle risque d'influencer les négociations salariales.