Une méta-analyse des associations entre les facteurs psychosociaux au travail et les résultats dans le domaine de la santé montre qu'une attention particulière doit être accordée d'urgence à ces facteurs si l'on veut améliorer la santé des populations actives.

La méta-analyse a fourni des résultats probants sur les liens entre certains facteurs psychosociaux au travail et divers problèmes de santé, dans le cadre d'un projet ETUI en cours intitulé "Les coûts des risques psychosociaux liés au travail dans l'UE". Le projet analyse des données relatives au nombre de travailleurs affectés par les risques et les coûts directs et indirects associés dans les États membres de l'UE. 

Cette méta-analyse exhaustive a examiné au total 72 revues de la littérature comportant une méta-analyse et publiées au cours des vingt dernières années. Selon des preuves d'une grande fiabilité, la combinaison d'exigences psychologiques élevées, d'une faible latitude de décision (job strain) et de longs horaires de travail est associée de manière significative à des pathologies cardiovasculaires (notamment les maladies coronariennes et les accidents vasculaires cérébraux ischémiques) et à des troubles mentaux (notamment la dépression). D'autres associations significatives ont été constatées : le stress au travail avec le diabète et l'inactivité physique, les longs horaires de travail avec l'obésité, et l'insécurité de l'emploi avec le diabète, la dépression, l'anxiété et la consommation de psychotropes. Pour sa part, le déséquilibre effort-récompense, c'est-à-dire l'absence de réciprocité entre les efforts du travailleur et les gratifications reçues en contrepartie, est associé aux maladies coronariennes.

Une version actualisée de cette étude montre que si l'on tient compte de cinq expositions psychosociales au travail - le stress au travail, le déséquilibre entre l'effort et la récompense, l'insécurité de l'emploi, les longs horaires de travail et le harcèlement moral - les proportions assignables varient globalement entre 17 et 35 % pour la dépression et entre 5 et 11 % pour les maladies coronariennes. La proportion assignable correspond au pourcentage de tous les cas d'une maladie particulière dans une population qui peuvent être imputés à une exposition spécifique. Les résultats sont significatifs.

Les expositions aux facteurs psychosociaux au travail peuvent être modifiées grâce à des politiques de prévention concernant l'organisation du travail et les conditions de travail et d'emploi. La CES réclame une directive européenne dans le domaine des risques psychosociaux sur le lieu de travail, sachant que la mise en œuvre de l'accord-cadre autonome de 2004 sur le stress au travail dans les États membres reste parcellaire et que le champ d'application du dispositif est insuffisant pour assurer la protection des travailleurs. À titre d'exemple, la pandémie actuelle du Covid-19 a mis en évidence l'importance du droit à la déconnexion  pour les travailleurs comme moyen d'atténuer le stress. En outre, le degré d'inclusion ou la présence explicite des risques psychosociaux dans la législation varient sensiblement d'un État membre à l'autre ; dès lors, les travailleurs ne bénéficient pas d'un niveau de protection identique dans tous les pays.

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Photo credits: ETUC