
Depuis de nombreuses années, dans la plupart des pays européens, le secteur public est soumis à des pressions pour réduire les dépenses et accroître l'efficacité des services. Les pressions à long terme sur le secteur public, et en particulier les récentes mesures d'austérité consécutives à la crise, ont conduit à des réformes et à des coupes dans les budgets publics, ce qui a eu de graves répercussions négatives sur le modèle social européen, sur la qualité des services publics et sur les résultats sociaux, notamment en matière de santé et d'inégalités.
Ce livre analyse l'évolution de l'emploi, de la qualité des ceux-ci et des relations de travail dans le secteur public depuis la crise de 2008 dans neuf États membres de l'Union européenne (UE) : Danemark, France, Allemagne, Pays-Bas, Italie, Slovaquie, Espagne, République tchèque et Royaume-Uni. L'ouvrage se concentre sur trois sous-secteurs : l'enseignement primaire, les soins de santé et les municipalités. Les auteurs démontrent que les réformes du secteur public de ces dernières décennies, ainsi que les politiques d'austérité plus récentes liées à la crise, ont eu des conséquences importantes sur le nombre et la qualité des emplois dans les neuf pays. Les travailleurs du secteur public ont souvent dû endurer le fardeau des pressions budgétaires par le biais de la baisse des niveaux d'emploi et de la qualité des jobs, y compris la stagnation ou la baisse des salaires (réels) ou encore l'intensification et l'"extensification" du travail. Les baisses du nombre d'emplois et de la qualité des ceux-ci ont été les plus fortes dans les pays où la crise a été la plus ressentie, en particulier en Italie et en Espagne. Toutefois, ces dernières années, on observe une reprise modérée de l'emploi et/ou de la qualité des emplois, en particulier dans les secteurs des soins de santé et de l'enseignement primaire.
Les auteurs ont identifié plusieurs grandes tendances dans les relations de travail du secteur public. L'une d'entre elles est le virage des gouvernements vers un plus grand unilatéralisme dans les premières années de la crise. La seconde est l'émergence de nouveaux acteurs dans le domaine des relations industrielles. Suite à l'insatisfaction des travailleurs du secteur public et au succès limité des syndicats établis pour répondre à cette insatisfaction, une variété de nouveaux syndicats, mouvements sociaux, groupes de pression ad hoc et autres organisations ont émergé.
Troisièmement, il y a eu une augmentation généralisée des grèves, des protestations, des campagnes et d'autres formes d'action industrielle de la part des travailleurs du secteur public. Enfin, l'érosion de la qualité des services publics est devenue une question centrale dans les revendications des syndicats et des nouveaux acteurs sociaux. Ils affirment aujourd'hui de manière constante qu'une bonne qualité des jobs des employés du secteur public est essentielle pour garantir et améliorer la qualité des services publics.