
"Il devient urgent de comprendre les mécanismes exacts de nanotoxicité et de faire une classification en fonction du mécanisme. La radioactivité ou les rayons X sont entrés dans nos vies de la même manière. Il a fallu du temps avant que les chercheurs comprennent les mécanismes d'action sur les organismes vivants", a mis en garde Vladimir Baulin de l'Université Rovira i Virgili, à Tarragone (Espagne).
Le Dr Baulin est le coauteur d'un article publié en novembre dernier dans Science Advances, qui montre pour la première fois que les nanoparticules peuvent traverser la membrane biologique. L'étude découle du projet SNAL, financé par l'Union européenne.
"C'est la première observation qui montre directement comment de minuscules nanoparticules d'or peuvent traverser une bicouche lipidique (partie principale d'une membrane biologique) (...) La membrane lipidique est la barrière ultime protégeant les cellules de l'environnement extérieur et si les nanoparticules peuvent traverser cette barrière, elles peuvent pénétrer dans les cellules", a expliqué le Dr Baulin dans une interview à Horizon-magazine.eu, le périodique de la DG Recherche de la Commission européenne.
Plus récemment, des chercheurs de l'Institut national français de recherche agronomique (INRA) ont également montré que les nanoparticules de dioxyde de titane contenues dans l'additif E171 peuvent traverser la barrière intestinale des animaux. Des troubles du système immunitaire liés à l'absorption de la fraction nanométrique des particules E171 ont été observés. Les chercheurs ont également montré que l'exposition orale chronique à l'additif induit spontanément des lésions prénéoplasiques dans le côlon, un stade non cancéreux de la carcinogenèse, chez 40% des animaux exposés. Leurs conclusions ont été publiées dans le numéro du 20 janvier 2017 de Scientific Reports.
L'additif E171 est couramment utilisé dans les denrées alimentaires, en particulier la confiserie, pour blanchir ou donner de l'opacité aux produits. Composé de micro et de nanoparticules, l'E171 n'est cependant pas étiqueté comme "nanomatériau", parce qu'il ne contient pas plus de 50% de nanoparticules.
Les nanomatériaux ont envahi la plupart des produits utilisés dans notre vie quotidienne. Ils se retrouvent partout : dans des cosmétiques (crèmes, dentifrices, shampooings), des composants alimentaires, des vêtements, du ciment pour la construction, des peintures, des pneus de voiture, de l'huile, des produits électroniques, etc.
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